Le 25 décembre 2019 à 09h15, le tren chino en provenance de Santiago de Cuba est arrivé en gare de La Havane. Une aventure qui avait commencé pour moi quelques semaines auparavant…
Comme vous le savez si vous suivez l’actualité, ce train offert par la Chine au peuple cubain a permis de réouvrir l’indispensable liaison Santiago-La Havane. Feu le tren frances (autrefois fourni par la France) étant hors d’usage depuis des lustres, ce trajet de 835 Km, presque direct, permet de relier l’Oriente cubain à la capitale en 15 à 16 heures, un grand bond en avant par rapport à tous les autres moyens de transport.
Et l’avion me direz-vous ? Pas si simple… voir l’article Adios Cubana.
Nous voici donc à la gare de Santiago de Cuba, serrant notre précieux billet acheté fort à l’avance.
Contrôle n° 1
Un coup de tampon et hop : Après tant de voyages en bus, depuis ce même terminal, on est contents de fouler enfin ce côté de la gare qu’on n’avait connu que désert.
L’édifice s’est refait une beauté, c’est pas du luxe. Les toilettes notamment sont flambant neuves mais attendez, nooon… déjà défectueuses au niveau chasse d’eau ?
Contrôle n° 2
Après plus de 2 heures d’attente, le train bleu flambant neuf se découpe à l’horizon. On peut pénétrer sur le quai dûment gardé par un jeune homme charmant qui jette un œil connaisseur aux billets. Ce détail me rappelle les tickets de quai de mon enfance, mais passons, passons, vu que ça presse derrière comme au concert des Stones à la Ciudad Deportiva…
Contrôle n° 3
Ferrocariles de Cuba a doté son nombreux personnel d’uniformes pimpants. Tout ce monde s’affaire à notre accueil, avec une évidente bonne volonté, ce qui nous change des douaniers lunatiques et des chauffeurs de bus taciturnes…
Avant de monter dans le wagon on jettera un dernier regard à la Sierra majestueuse qui se découpe au loin. Adiós Santiago !
Notre hôtesse de wagon – épaulée d’un agent de sécurité – se fendra même d’un joli discours avant le départ, pour nous souhaiter bonne route et nous expliquer comment fonctionne la chasse d’eau.
Contrôle n° 4
La sortie de Santiago permet de survoler des quartiers moins glamour que le Parque Cespedes… Et bientôt l’hôtesse s’avance avec son chariot. Un dernier regard au billet et voilà la merienda : un refresco bien chimique et un sandwich. Nous sommes le 24 décembre, ce sera donc notre réveillon de Noël. Feliz Navidad !
La lumière faiblit, on s’installe pour la nuit, qui sous sa couverture, qui emmitouflé dans son combo doudoune-bonnet-chaussettes. C’est que la température est tombée à 17° !
Il y aura plusieurs arrêts, dont un à Ciego de Avila, pour détacher l’une des deux locomotives qui nous ont hissés hors de la Sierra Maestra. Puis le jour naissant nous laissera deviner les champs de canne à sucre et les pâtures. Enfin, on reconnaîtra la baie de Matanzas. Bientôt arrivés !
En pratique
Achetez votre billet dès que possible à la gare, attention aux listes d’attente. Le passeport est indispensable. Compte tenu du délai d’attente, vous serez sans doute amené-es à faire acheter votre bilet quelques semaines à l’avance, par un-e ami-e cubain-e. Le prix n’est pas le même pour les étrangers mais il reste très raisonnable.
Tip : Si vous pouvez choisir votre numéro de siège, évitez la rangée 70 qui se trouve près des toilettes…
Le jour J, présentez-vous à la gare avec 3h d’avance et faites enregistrer votre billet au guichet. Vous avez droit à 2 bagages par personne (70 X 50 X 40) dont l’un ira dans le filet au dessus de votre siège et le deuxième trouvera sans problème sa place à vos pieds.
Gardez des vêtements chauds à portée de main : bonnet, anorak et bonnes chaussettes ne seront pas de trop pour résister à la clim polaire.
Vous devrez montrer le ticket + passeport à l’entrée de la salle d’attente, à l’entrée du quai, à la montée du train et à la ferromoza qui vous placera. Conservez le talon qui vous sera demandé une dernière fois au moment de la collation.
Les wagons sont confortables, les sièges inclinables, il y a un agent de sécurité et une hôtesse par wagon. Une collation vous sera servie environ 1h après le départ.
Bon voyage !
Havane en vue
Avant l’arrivée à La Havane, l’hôtesse prend la parole pour nous annoncer qu’il reste 24 casse-croûte, à distribuer en priorité aux enfants et personnes âgées.
Étonnant ? Pas tant que ça, si l’on considère ce train comme un service à la population. D’ailleurs, le prix du billet – 115 CUP – en est un autre indice.
Moi qui rêve toujours de découvrir de nouveaux quartiers de La Havane, je suis servie : nous traversons des zones industrielles et le port. Nous longeons même les voies de garage où rouille le vieux tren frances. Pas si vieux d’ailleurs, mais épuisé par des années sans maintenance. On souhaite un meilleur sort au train chinois…
Étrangement, notre train de 12 wagons, plein comme un œuf, va se ranger le long du quai le plus étroit de la gare. On tire, on pousse et on râle, on arrive finalement à extraire nos bagages. Ne reste plus qu’à trouver un taxi. À nous La Havane !
Photo à la Une : la longue attente en gare de Santiago de Cuba, avant de prendre le « train chinois » direct pour La Havane.