On peut traduire « Llega y pon » par « arrive et pose-toi là », ou « j’y suis j’y reste » bien que les habitants aimeraient certainement, enfin, s’installer ailleurs.
C’est toujours et partout la même histoire : le rêve d’une vie meilleure, l’immigration intérieure, les solutions individuelles qui pallient la rareté des logements, les matériaux trouvés ici et là… Planches, toiles, débris de carrelage, briques de fabrication criolla… tout s’effondre au premier orage (il n’y a pas de tout à l’égout) et on recommence.
Ces asentamientos illegales sont tout autour des grandes villes, mais aussi à La Havane le long du Rio Almendares : El Fanguito par exemple, si proche des quartiers plutôt chics du Nuevo Vedado et de Miramar.
Ne vous y trompez pas : la plupart du temps ces bidonvilles ne sont pas habités par des parias, mais par des citoyen.nes comme vous et moi, victimes de la crise du logement et de réglementations caduques qui réduisent fortement la mobilité à l’intérieur de l’île.
Parfois aussi, ce sont des foyers de délinquance, à l’image de Los Mangos à San Miguel del Padron, habité par des immigrés illégaux de l’Oriente, qui tentent d’y survivre en marge d’une société qui feint d’ignorer leur existence.
Pero ignora que allí habitan los fantasmas y que sus huéspedes están en el fondo del abismo.
Photo à la Une : La vie quotidienne dans un llega y pon de Mantilla, à la lisière du municipio Diez de Octubre, La Havane, été 2018.