Comment font les Cubains pour atteindre la fin du mois ? Ils et elles luttent ! C’est le système D comme mode de survie, à tel point que le verbe luchar se décline à toutes les heures du jour :
Luchar la guagua : trouver un bus et réussir à monter dedans.
Luchar la leche : se débrouiller pour trouver du lait.
Luchar los ladrillos : trouver coûte que coûte des briques pour le toit…
La lutte commence tôt et dure toute la journée. Pas seulement pour les personnes âgées qui, tout comme en France, font les fins de marché pour se nourrir. Mais aussi pour les fonctionnaires payés en CUP, les étudiants, les familles de la classe moyenne et les immigrés de l’intérieur.
Au fond, la lucha c’est l’intelligence de la population aux prises avec le réel. On parle aussi de resolver la leche, los ladrillos, los dólares… parce que le problème, bien que quotidien, se pose souvent en énigme : Où seront les œufs aujourd’hui ? Et cette casquette que je convoite, comment convaincre le touriste de me l’offrir ?
¡ Hay que luchar !
La lucha est aussi synonyme d’économie parallèle et d’arrangements totalement illégaux mais tolérés, parce que nécessaires à la survie.
Pour approfondir le sujet, je vous conseille vivement la lecture de La Lutte, sous titré Cuba après l’effondrement de l’URSS, un essai éclairant de Vincent Bloch écrit après une longue immersion à La Havane. Vous y découvrirez les mille et un stratagèmes développés au fil du temps pour luchar tout en conservant ses idéaux révolutionnaires… en apparence.
Photo à la Une : La lucha c’est aussi pédaler en côte pour quelques CUP. Bicitaxista, La Havane, calle Zanja, avril 2019.