Coup de bol, le train pour Bayamo circule aujourd’hui. Horaire de départ annoncé : 10h10. Mais l’attente sera longue… Pourquoi ? « Parce qu’il est arrivé en retard, mi amor. » Ah bon, alors attendons, en observant cette famille qui a voyagé avec un sommier à fleurs et tout un tas de cartons. L’arrimage sur la charrette n’est pas une mince affaire et le cheval semble bien frêle pour transporter tout le monde…



Mais voici le moment de prendre place, et rapidos s’il vous plaît. Pas le temps de photographier la loco (je me rattraperai à Bayamo). Les sièges moulés, retapés avec du contreplaqué me rappellent quelque chose : les trains Corail des années 70 ? Tandis que le baño me tenterait bien mais finalement… non. Le wagon suivant est tout en camaïeu de verts, on le voit parfaitement par les portes restées ouvertes pendant que nous cahotons à petite vitesse. Fraîcheur bienvenue après la fournaise de la gare.

Le contrôleur passe, ce sera 1 peso 70 (moneda nacional) pour le trajet. Sachant qu’1CUC vaut 25 pesos, je vous laisse calculer le prix du kilomètre ! Et tant qu’on en est aux calculs, la vitesse moyenne pour faire ces 66 Km en 2 heures (sans compter l’attente en gare).

Pour l’instant je me demande surtout comment il est possible de quitter Manzanillo, ville côtière si radicalement pauvre, en traversant une campagne si éclatante de richesse : troupeaux, canne à sucre, végétation paradisiaque… et machines agricoles modernes !
Bientôt un orage éclate. Comme partout ailleurs dans le monde, on trompe l’ennui en regardant tomber la pluie… jusqu’à ce qu’elle nous oblige à changer de place pour ne pas finir trempés.


À mi-chemin c’est l’embranchement de Yara : aujourd’hui dans ce village historique il y a plus de cow boys que d’indiens, et une petite gare où s’arrêtent les trains pour La Havane. On espère juste qu’ils sont un peu plus rapides et confortables que celui qui nous transporte aujourd’hui.
La pluie a cessé, on cherche un peu d’air en passant la tête à la fenêtre et le regard caresse parfois une gare toute en bois ou un panneau de propagande… C’est que nous approchons du but et que la campagne cède peu à peu la place à la zone urbaine.



Arrivée sans fanfare dans la gare proprette et moderne de Bayamo : Avant d’aller se rafraîchir, on traînera un peu dans le quartier pour filmer l’arrivée du train suivant.
Si vous ne voyez pas de vidéo ci-dessous rendez-vous sur la page FB de serendipia, rubrique « vidéos » et attention au train !
Bilan d’une voyageuse privilégiée : le train à Cuba a une longue histoire, mais aujourd’hui c’est un moyen de locomotion aléatoire, qui demande beaucoup de temps, très peu de budget… et permet de rencontrer des cubains qui ne travaillent pas dans l’hôtellerie ou le tourisme ! Quant à savoir ce qu’ils en pensent, eux, c’est une autre affaire.
merci pour ce document rare et sympathique !
bien à vous
Lillie