Que voir à La Havane en mars ?

La Havane bourdonne d’activités en ce beau mois de mars. Alors c’est parti pour une tournée des expos suivie de soirées allumées, pour s’en mettre plein les mirettes et les oreilles !

Habana Vieja

Avertissement : en raison des mesures de prévention sanitaire, la plupart des manifestations dont parle cet article sont annulées jusqu’à nouvel ordre.
Vous pouvez toujours continuer à lire pour savoir ce que vous allez manquer…
Et prenez soin de vous !

Autant commencer là, en plein cœur de Habana Vieja : Factoria Habana propose 10 de 500 / La cuadratura del círculo : 10 artistes pour les 500 ans de la capitale. Un panorama sur les trois étages de la galerie, de quoi faire le point sur la création a lo cubano, de la peinture à la performance en passant par une réflexion réjouissante sur la créativité en temps de crise, par Ernesto Oroza.

Œuvre de Mola dans l’expo Ilustreichon Nao, Centro de Desarollo de las Artes Visuales, 2020. Photo droits réservés.

Après cette mise en jambes, cap sur Plaza Vieja où le Centro de Desarollo de las Artes Visuales se concentre sur l’illustration avec Ilustreichon Nao : 17 nuances de trait, de la sérigraphie à la BD et du crayon à la bande adhésive, en noir et blanc ou débauche de couleurs… la figuration est bien vivante !

À partir du 6 mars, Galeria Taller Gorría met les femmes à l’honneur avec El Arte de no estar calladas (l’art de ne pas rester silencieuses). Bon, on pense ce qu’on veut de cette initiative. Perso je dis qu’il n’y a pas assez de femmes exposées dans les galeries, du 1er janvier au 31 décembre… Mais ça fait une occasion de découvrir le travail immanent de Marianela Orozco et le trait provocant de Rocío García, à laquelle vous n’échapperez pas car elle est exposée à 3 endroits (au moins) ce printemps.

Marianela Orozco, Horizontes / Horizons, 2012. 50 x 150 cm. Droits réservés.

Et encore dans le quartier : Tant que vous y êtes passez la tête chez La Marca (graphisme, T-shirts uniques, tatouages) ou au Taller experimental de Gráfica qui a toujours des choses intéressantes à montrer et vu les tarifs, on peut se les offrir.

Le soir venu, vous pourrez vous hydrater dans l’un des innombrables bars atmosphériques qui éclairent les coins de rue. Les adresses de rooftops circulent sous le manteau…

Centro Habana

De l’autre côté du Capitolio, on se perd rapidement dans les ruelles du Barrio Chino. Mais vous ne pouvez pas rater Galleria Continua, dont l’entrée est ornée des fameuses rayures verticales de Daniel Buren. Ce n’est qu’un avant-goût de Por siempre una y otra vez (pour toujours, encore et encore), qui présente l’originalité de mixer artistes cubains et internationaux. C’est pas courant dans le contexte national et ça permet de mettre en perspective une œuvre magistrale du britannique Anish Kapoor avec la peinture voluptueuse du cubain Angel R. Ricardo Ríos, entre autres !

Anish Kapoor et Angel Ricardo Ricardo Rios à Galeria Continua La Habana, 2020.

Le Museo Nacional de Bellas Artes est à visiter de toutes façons et coup de bol, à partir du 13 mars une salle entière sera consacrée à la photographe Marta Maria Perez Bravo. Elle a une façon toute contemporaine de mettre en scène son propre corps dans des évocations en noir & blanc de rituels afro-cubains.


Et encore dans le quartier : Entre la galerie et le Museo, vous allez forcément passer par la calle San Rafael. Sa partie piétonne abrite plusieurs galeries installées dans d’anciens magasins et un centre culturel indépendant dans un cinéma en ruines : c’est Rex Duplex, ne le loupez pas !

Ciné Rex Duplex, calle san Rafael, Habana Light Neon + Signs, 2019

Ce quartier qui fut autrefois un centre commercial à la pointe du progrès est parfait pour trouver les guayaberas d’hier et les nike de demain…

Vedado

C’est en parcourant le Vedado que j’ai découvert l’art contemporain de l’Île, il y a maintenant 10 ans. En partant de la Rampa, je vous propose donc de faire halte à Galeria Habana qui vous propose une expérience immersive avec Rara Avis d’Humberto Díaz. L’oiseau rare c’est vous, et vous êtes en cage…

Poursuivez en direction de Galeria Casa 8 où José Capaz expose Ataraxia, ou comment rencontrer l’imperturbabilité de l’esprit et de l’âme par l’amour de la peinture. Et c’est beau !

Ataraxia, José Capaz, Galeria Casa 8, La Havane, 2020.

Maintenant cap au nord. En parcourant des rues ombragées aux trottoirs défoncés, vous atteindrez NG Centro Expositivo, au delà de la calle 23. Rocío García (née en 1955) est vénérée des plus jeunes, qui ont été ses élèves. De plus, c’est l’une des rares artistes cubaines à oser l’érotisme voire le sadomasochisme sur ses toiles. Raison de plus pour passer un moment dans son expo Sakura.


Et encore dans le quartier : Le carrefour 23 y 12 contient la plus grande concentration de cinés de tout Cuba. Plus quelques galeries et un supermarché d’allure post soviétique. Enfin, au fil des rues, de nombreux restaurants et cafés branchés…

Plus loin Miramar, El Cerro…

Si vous poussez vers Miramar, après le pont de la calle 23, vous allez vite tomber sur la galerie Artis 718 qui expose Land(E)scape d’Octavio Irving. Cet artiste pratique la gravure et au delà, un mix de photographie, peinture, sculpture et installation. Le thème est dans le titre, si vous lisez bien : le paysage pour s’en échapper et y revenir.

Autre option : filer vers El Cerro, faubourg anti glamour garanti 100% sans touristes. Samuel Riera y a installé son studio et y expose des artistes atypiques. En Europe on appelle cela de l’Art Brut, outre atlantique Outsider Art, mais la démarche est semblable : révéler le potentiel artistique de personnes non formatées par les écoles. Jetez un œil à Flying out of the mind dimension et laissez-vous gagner par l’émotion.


Le soir venu…

ATTENTION par mesure de prévention de la pandémie de coronavirus, la FAC est fermées jusqu’à nouvel ordre, ainsi que de nombreux lieux nocturnes.

Habana World Music est repoussé à une date ultérieure

En nocturne vous pouvez encore voir les expos de la Fábrica de Arte Cubano, notamment Julio’s House du photographe Orestes Gonzalez, une enquête intime dans la maison d’un vieil oncle exilé à Miami. Ensuite vous profiterez des concerts en sirotant un cocktail en compagnie de la farándula cubaine – et plus ou moins de touristes selon les soirs. La FAC est ouverte du jeudi au dimanche.

Orestes Gonzales, Julio’s Living Room, de la série Julio’s House, 2019. Droits réservés.

Si vous préférez tâter du théâtre, commencez la soirée chez les voisines du Ciervo Encantado, une compagnie installée dans le quartier. Tous les vendredi et samedi, l’inénarrable Mariela Brito y interprète Zona de Silencio, de Nelda Castillo. Je ne l’ai pas vu, mais les créations de cette troupe étant toujours décapantes, je vous conseille de prendre le risque !

Plutôt tentés par la danse contemporaine ? Sachez que la Compania Rosario Cardenas interprète MurMuro au Centro Cultural Bertolt Brecht. 3 représentations seulement, du 13 au 15 mars. Une expérience à tenter car il n’y a pas que la salsa dans la vie, hein ! Après quoi vous pouvez rester sur place puisque dans la petite salle du sous sol, il y a des concerts explosifs tous les soirs à partir de 23h.

Festivals

Et en parlant de concerts, 2 festivals se suivent et ne se ressemblent pas :

Havana World Music au Circulo Social José Antonio Echevarria du 19 au 21. Une programmation éclectique avec beaucoup de Cubain-es mais aussi des Caribéens de l’extérieur, comme les filles de Wara qui pratiquent une musique Afro-Latin Fusion teintée de préoccupations sociales. Entrée sur le site en plein air, à partir de 18 € pour 1 soirée et jusqu’à 150 € pour l’accès à la zona VIP. Si vous y allez, merci de nous envoyer vos selfies avec les stars !

Wara demo, enjoy !

À peine refermé le chapitre World, on replonge avec la Fiesta del Tambor, qui se déroule du 23 au 29 mars sur plusieurs lieux et notamment au Teatro Karl Marx (Eh oui, c’est bien lui). Il s’agit ici de Música popular bailable comme on dit à Cuba, autrement dit de tous les rythmes latins qui vous donnent des fourmis dans les jambes.

D’ailleurs ce festival est aussi un immense stage de danse et de percussions, où les passionné-es de toutes latitudes reviennent chaque année. Azucar !


Et encore des soirées : Dans le Vedado, 2 théâtres sont à surveiller : Ludi Teatro et El Trianón. Les compagnies résidentes y jouent Ubu sin Cuernos et Las lágrimas amargas de Petra Von Kant (d’après Fassbinder). Des propositions tellement visuelles que même si vous ne comprenez pas un mot de la langue de Cervantes, le plaisir sera au rendez-vous ! Les dates de représentations ne sont pas confirmées à l’heure où je publie cet article, mais voyez les pages facebook des compagnies, en attente de la bonne nouvelle !

Message personnel

En conclusion de ce copieux programme, quelques précisions :

Si vous pensez que les galeries d’art sont réservées à un public averti, détrompez-vous. À La Havane l’ambiance est bon enfant et comme l’entrée est gratuite vous ne risquez rien à essayer !

Par contre, et ceci est valable pour les galeries comme pour les spectacles, il est possible que vous trouviez parfois porte close. Fermé pour cause de panne d’air conditionné, de fumigation anti moustique, de fuite ou autre… Annulé pour cause de panne d’électricité… Quand ce n’est pas « la compañera est en train de passer la serpillère, revenez plus tard » (anecdote véridique). Malheureusement, ce travers de la société cubaine est à intégrer dans votre programme.

Mise à jour 14 mars : de nombreux lieux ferment aussi par précaution pour éviter la propagation du coronavirus.

Ciné La Rampa fermé pour réparations, en plein festival de cinéma, La Havane, été 2017.

Allez bon séjour et n’hésitez pas à ajouter vos suggestions et trouvailles en commentaire de cet article !


Image à la Une : Rocio Garcia, un panel de graphistes inspiré-es, la Fiesta del Tambor et notre Buren national sont (entre autres) au programme du mois de mars 2020 à La Havane.

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