Prenez une galerie d’art italienne installée à Cuba, un salon de tatouage et bodypainting, un marchand de glaces, un collectif de sérigraphie nomade, un club d’arts martiaux, un DJ star et une graphiste en pleine ascension.
Réunissez-les sous la houlette de Michelangelo Pistoletto, période Tercer Paraiso, sur un terrain vague du barrio chino de La Havane… Ajoutez une photographe, une température de 35 degrés sans ombre et distribuez le mode d’emploi aux passants.
C’est Rayo.Cero, premier événement de ZonaRayoActiva, un projet porté par Galleria Continua. Il fait le pari de libérer la créativité des participants et de faire renaître un coin délaissé : le solar yermo voisin de la galerie.
Au fait, pourquoi ce nom ZonaRayoActiva ? C’est que Galleria Continua est installée calle Rayo, autrement dit rue de l’Éclair. Au delà du jeu de mots, le nom invoque la capacité de l’art à ré-activer un territoire, qui ici tient parfois de la zone…
Qui fait quoi dans Rayo.Cero
Galleria Continua : unique galerie « étrangère » installée à Cuba, elle abrite aussi la Embajada del Rebirth / Tercer Paraiso. Elle est à l’initiative de l’événement.
Michalangelo Pistoletto : Son nom est associé depuis les années 60 au mouvement Arte Povera. Il développe maintenant le concept de Tercer Paraiso dans une série de performances et installations, notamment à Cuba.
La Marca : on ne présente plus ce salon de tatouage ! Son directeur artistique, Roberto Ramos, anime notamment des ateliers créatifs pour les enfants. Pendant Rayo.Cero, il a guidé les petits pour dessiner un immense Tercer Paraiso sur le sol du solar. Pendant que le reste de l’équipe s’activait sur le stand de bodypainting.
Clandestina 99% design cubano : Le produit phare de cet atelier tenu par Idania del Rio et Leire Fernández, c’est le T-shirt estampillé de slogans simples et efficaces. Resistir es Vencer, ça claque ! Pendant l’événement elles ont sérigraphié tous les T-shirts, sacs et foulards amenés par les passants.
L’histoire dans l’histoire : Misu, Clandestina, le sac et moi.
Misu m’aborde ingénument. On bavarde pendant que j’attends mon tour pour faire customiser mon T-shirt. Comme elle n’a que sa robe, dont elle ne saurait se défaire, je lui cède mon sac de toile. Nous revoilà dans la file d’attente, en compagnie de Pistoletto et de quelques ados survoltés par l’offre très généreuse qui leur est faite.
Au final : un T-shirt unique, un sac splendide, une photo avec Djoy de Cuba en fond et une amitié éphémère qui disparaît avec le soir. Hasta siempre…
Qui fait quoi, suite
Al Pirata Heladeria : Un glacier ouvert récemment dans Habana Vieja, voisin de La Marca et fournisseur officiel de rafraîchissements pendant tout l’après-midi. Un rôle essentiel !
May Reguera : la photographe a installé un photocall sur le site et shooté tout le monde sans relâche, avec une bonne humeur contagieuse. Je conserve précieusement le joli portrait qu’elle a fait de moi avec la mystérieuse Misu.
Escuela Cubana de Wushu : de tous les co-organisateurs, elle est la seule pré-existante dans le quartier et connectée à la préservation de la culture des Chinois de Cuba.
María Claría, Martha Luisa Hernández, Laboratorio Ibsen : Comédien-nes, danseurs et danseuses. Dans le rôle des ambianceurs, ils ont guidé les enfants et tenté de produire une chorégraphie qui s’est joyeusement diluée dans l’ambiance festive.
Djoy de Cuba : Eh oui, c’est bien lui, l’un des DJs les plus en vue des Caraïbes, qui a diffusé la bande son de l’événement, à la fois pointue et bon enfant. Imperturbable malgré le cagnard, il a grandement contribué à la montée de l’ambiance.
Bacane : ce collectif de graphistes françaises développe la pratique de sérigraphie nomade. Leur mission : amener les participants à s’emparer du symbole Tercer Paraiso, pour le customiser et l’imprimer sur du papier recyclé. J’aurai l’occasion de vous reparler d’autres ateliers qu’elles mènent à La Havane et (plus original) dans la Peninsula de Zapata !
Dans nos théâtres de France on appelle cela un projet participatif. Et effectivement, les enfants du quartier arrivent en nombre, puis leurs parents, puis les amis et les amis d’amis… et l’effervescence se prolonge jusqu’à la tombée de la nuit.
Une belle utopie qui réactive le slogan « changer la vie » à partir de la pratique artistique. Changer la vie ? Peut-être. Mais à coup sûr une journée à part pour les habitants du quartier et de beaux souvenirs pour tout le monde.
Photo à la Une : Rayo.Cero, le stand Bacane et diverses interprétations du symbole Tercer Paraiso qui sèchent au soleil de La Havane.
J’adore !!