De Santiago à La Havane, voici quelques portraits, quelques brèves rencontres avec des Cubains de tous âges croisés sur mon chemin. Entre belle humeur et vague à l’âme, regards directs ou perdus dans le vide, ceci est un hommage à ces inconnus que je ne reverrai sans doute plus.
Oriente
Santiago de Cuba, de nuit : De ma place, au tout début du défilé, je vois les participants arriver en civil et réapparaître quelques minutes plus tard, transfigurés dans leur costume de carnaval, aux couleurs de leur comparsa. Avec parfois un léger flottement dans l’attitude, une façon d’être seul dans la foule…
Santiago de Cuba, de jour : Pour échapper à la fournaise, on part visiter l’épave de l’Oquendo, navire de l’invincible Armada coulé à quelques mètres de la côte. Magnifique ! Le guide, diplômé en Histoire de l’Art, a monté une agence de tourisme sportif et culturel. Il me donne sa carte et les coordonnées de son site internet, auquel je n’ai jamais réussi à me connecter…
Carlos Puebla est à Manzanillo ce que Guediguian est à Marseille : un sujet de fierté et d’identification. Mais Carlos, en plus, a composé l’hymne mondialement célèbre : Hasta Siempre Comandante ! Évidemment quand on le voit tout pâle, avec sa guitare en ciment, on ne peut pas le deviner. Quant à la petite fille, elle serre bien fort son bâton (de chef d’orchestre ?) et veut absolument être sur la photo.
Camagüey : Deux amis partagent un boulot de taxi, suite à un imbroglio de permis à points… Sur la route nous nous arrêtons au café Ciudad. L’un conduit pour se faire des sous mais son vrai travail c’est dans une usine de plastique, à Bayamo. L’autre conduit aussi en attendant sa première récolte de riz. L’État lui a cédé un terrain à condition qu’il le débroussaille, qu’il le mette en culture en moins d’un an et… lui vende ses récoltes.
Trois âges et un logo à Ciego de Ávila
Radieuse, elle marche d’un pas vif dans l’air pas encore étouffant de ce dimanche matin. Son sourire m’enchante. Notez que la décoration du gâteau est subtilement assortie au chemisier.
Lasse, elle regarde passer le temps, à la porte de son magasin délaissé par les clients, en plein mois d’août. Son stock ? Des uniformes de collégiens et quelques bouteilles de détergent.
Vêtue de sa plus belle robe, elle joue librement entre les fauteuils pendant le concert gratuit au museo municipal. Les parents, eux, ne se gênent pas pour tout filmer avec leur voyante tablette.
Toute l’histoire des modes de tatouage est imprimée sur son bras. Les petits derniers : une grenade et le logo youtube. Vous avez bien vu. Lui se marre et s’étonne de mon étonnement.
Retour à La Havane
Immobile au milieu des voitures et des passants qui vont faire la fête sur le Malecón, sa détresse est palpable. Vu que la mode Stars & Stripes est passée depuis un moment, supplantée par le total look camouflage, je me demande s’il attend toujours le passage de Barack. Une attente qui dure…
Allez, un peu d’espoir : ces deux gamins qui ne partent pas en vacances sont en train de concevoir un livre, lors d’un atelier avec La Marca et Bacane. Et pour commencer, il faut fabriquer le papier !
Elle vend des lunettes de soleil sur le pas de porte de son logement de Habana Vieja. Elle a réparé les miennes avec une dextérité hallucinante et sans aucun outil. À un moment, la précieuse vis a roulé par terre : nous voilà à 4 pattes au milieu des touristes, à hauteur de birkenstock. Hay que luchar !
Et pour finir : un portrait qui n’en est pas vraiment un, l’insaisissable génération qui arrive sur le devant de la scène. Pour l’instant ce sont des ados qui font la fête sur le Malecón, avec une canette à partager et rien d’autre que leur bonne humeur contagieuse. On leur souhaite un avenir aussi radieux que leur sourire !
Photo à la Une : entrée de l’Edificio Someillan, cet immeuble de front de mer à la remarquable silhouette effilée.
– Il paraît que les salariés de l’Ambassade des États-Unis sont logés ici ?
– Oui en effet, certains, mais aussi d’autres pays, Espagne, Chine… »
Le gardien est tranquille et souriant au soleil matinal. J’ose la photo mais je n’ose pas lui demander s’il est l’un de ces retraités qui doivent reprendre un job pour joindre les deux bouts.
Merci mille fois pour ces portraits, enfin quelqu’un qui a de vrais yeux pour voir Cuba, et de vraies oreilles pour entendre ! Hasta la victoria (del pueblo cubano y de la democracia), siempre !
Très jolie série de portraits , vrais sans fioritures , j’aime beaucoup… et votre regard sur ce pays touche ma sensibilité , je lis avec plaisir vos post , merci encore
cordialement
Gracias amiga
Gracias !
Je rêve de rentrer dans cet immeuble…. et de visiter les apparts, et aussi au Focsa, Lopez Serano, etc… une prochaine idée de reportage à 4 yeux ;)) ?
Maintenant que je suis copine avec le gardien, ça devrait se faire. Cet immeuble est très présent dans la littérature, il y a une scène érotico-comique dans l’ascenseur, dans un roman de William Navarrete… Le Lopez Serrano, c’est fait, article à venir. Pour l’instant je planche sur la Casa Dranguet, à Santiago, un vrai roman feuilleton ! Je note pour l’année prochaine, une virée au Focsa. Cet été je ne suis même pas allée à la Torre, quelle honte. Allez, on y prendra l’apéro la prochaine fois !
Merci Céline, on ira au Someilland et je connais quelqu’un qui devrait nous faire visiter le Focsa. J’attends ton article sur le Lopez Serrano, que l’Etat doit rénover depuis…. des siècles ! Bisous !
Et dis moi le titre du roman de W N, j´ignorais qu’il avait ècrit un roman…. Gracias.
En fugue, paru chez Stock en 2015. Recommandé par la rédaction !