Sans le moindre palmier ni ananas à l’horizon, David Zwirner, puissant galeriste New Yorkais choisit d’exposer à Londres un groupe d’artistes abstraits – ou plutôt concrets¹ – Los Diez Pintores Concretos Cubanos, qui entre 1959 et 1961 a vécu les bouleversements politiques, éthiques et donc esthétiques sur l’Île.
Courte vie, long oubli et réapparition au moment où l’art cubain explose sur le marché… Ils s’appelaient Pedro Álvarez, Wifredo Arcay, Mario Carreño, Salvador Corratgé, Sandú Darié, Luis Martínez Pedro, Alberto Menocal, José Mijares, Pedro de Oraá, José Ángel Rosabal, Loló Soldevilla – une femme, enfin ! et Rafael Soriano.
Nombre d’entre eux avait voyagé à l’étranger avant 1959 (Arcay a connu Fernand Léger et les Delaunay à Paris…) et ils se réclamaient du Manifeste de l’Art Concret¹ de Theo Van Doesburg. Chacun a vécu la suite à sa manière, parfois en revenant à la figuration ou aux arts appliqués et souvent dans l’exil.
Le titre de l’expo comprend – peut-être – un fin jeu de mots intraduisible car concrete a un double sens en anglais : concret et… béton.
À voir à Londres jusqu’au 3 octobre.
¹ « Peinture concrète et non abstraite, parce que rien n’est plus concret, plus réel qu’une ligne, qu’une couleur, qu’une surface » Theo Van Doesburg, Manifeste de l’art concret, cité par Michel Seuphor dans L’Art abstrait, vol. 1.
Photo à la Une : Salvador Corattgé, Sin Título, droits réservés