Sans raccords entre eux, voici quelques plans des cinémas de La Havane, glanés au fil de mes promenades. J’ai déjà écrit ici sur la présence du 7e art dans l’espace public, voyez par exemple la page cinéma qui détaille -entre autres – les salles de la calle 23. Mais chaque voyage amène de nouvelles découvertes, surtout lorsqu’on s’éloigne des axes principaux pour s’égarer dans les quartiers périphériques.
Le ciné Alameda, vous connaissez ? C’est le survivant de l’impressionnant chapelet de salles qui fonctionnaient dans le municipio Diez de Octubre dans les années 50. Ils avaient des noms fleuris et exotiques : Apolo, Atlas, Fénix, Florida, Los Ángeles, Mónaco… Ce quartier, où fut tourné le premier long métrage cubain en 1913, n’a apparemment plus que cette salle récemment réhabilitée. Installée dans un immeuble des années 50 qui porte beau, elle propose des films en 35mm et des vidéos.
Détour par Alamar avant de rejoindre le centre ville. Ici, la Casa de la Cultura et la galerie d’art sont « en travaux ». Sous la pluie, le périmètre évoque plutôt le 9-3 que le Tiki Bar de mon quartier, mais abracadabra voici Enguayabera, le nouvel équipement culturel qui draine toutes les générations ! Installé dans une ancienne fabrique de guayaberas, le centre culturel propose toutes sortes d’activités dont plusieurs salles de vidéo. C’est le nouveau concept du ciné de quartier : de petites salles équipées dernier cri plutôt qu’une grande. Adieu pop corn…
Autre salle vidéo mais installée dans un ancien ciné, celle-ci : El Aguila de Oro, en plein quartier chinois. Les projections ont lieu dans un petit coin (remarquez le système de rafraîchissement, tout simple mais efficace)…
Tandis que l’ancienne salle monumentale est devenue la Galleria Continua, haut lieu de l’art contemporain connecté aux quatre continents.
Pas de sauvetage en vue, par contre, pour le CIné Actualidades. Inauguré en 1906, c’était le premier local construit expressément pour le cinématographe dans la capitale cubaine. Les projections étaient alors accompagnées de « parlantes » qui recréaient les dialogues derrière l’écran.
Détail saugrenu : les propriétaires avaient acquis pour vingt mille anciens francs une collection de films Pathé et pendant longtemps ils ne diffusèrent que les productions de cette société française¹. En 1939 le bâtiment fut reconstruit et depuis… rien. Il paraît qu’il fonctionne quand même tant bien que mal, à l’image de son enseigne borgne.
Les salles du centre ville, elles, connaissent une vague de rénovations. Le Yara est en travaux mais l’affiche de El Acompañante est restée collée sur la vitrine. En attendant l’Oscar du meilleur film étranger (suspense…) le film a manifestement déjà obtenu le Prix du Personnel ! Le Riviera et le Cinécito sentent la peinture fraîche, bien que ce dernier soit entouré des gravats de la Calle Consulado qui va bientôt devenir un bulevar.
La cinémathèque opérait au 23 y 12 qui est en travaux aussi, il faut maintenant se rendre au Multiciné Infanta…Trop tard, j’ai raté la séance mais tourné mon premier film, un plan unique en son direct, sans pied et sans filet :
Après quoi les gardiens, désœuvrés, m’ont laissée visiter les lieux y compris la salle de projection. Les connaisseurs apprécieront !
Ce carrefour est fort en cinéma, la preuve en face où se déroule, dans la petite salle du Ciné Chaplin, un cycle de films américains des années 50. Pour moi ce sera Jeanne Eagles (George Sidney, 1957), vu pour 2 CUP (0,07 €) en compagnie de retraités cubains. Ici l’on commente l’action en connaisseur, une expérience étonnante pour qui a l’habitude des salles françaises.
Fin de séance, la boucle est bouclée puisque cette salle se trouve au coude à coude avec l’ICAIC, l’Institut souverain du cinema cubain…
¹Source : ecured
Coda : j’ai encore craqué sur les affiches…