Positifs tous les deux ! l’un aux tests de dopage, l’autre au VIH. Comment cela est-il arrivé ? El Acompañante, qui commence avec la rencontre de Daniel et Horacio et éclaire en flash back leur passé d’enfants méritants de la Révolution, nous l’apprendra petit à petit. Car à la différence de Fresa y Chocolate, il n’y a pas de « déviant idéologique » dans ce duo mal assorti : tous les deux ont joué le jeu… et perdu.
Le « drôle d’endroit » de cette rencontre est une parenthèse dans l’espace-temps : le Sanatorio Los Cocos entre 1986 et 1988. On y consignait les personnes séropositives et malades du SIDA. Le régime était paramilitaire (Cuba ne possède-t-il pas une « armée » de médecins ?) mais l’ambiance teintée d’humour noir, d’après les témoignages recueillis par le réalisateur Pavel Giroud. Un ton qui court tout au long du film dans les joutes verbales des protagonistes.
« Tiens, je croyais avoir Mohamed Ali face à moi mais en fait c’est Kasparov ! »
Daniel, héros des guerres d’Afrique rattrapé par la maladie à Horacio, ex-star nationale de la boxe puni pour dopage.
Empêcher la propagation de l’épidémie alors que le sexe est le sport national (c’est le réalisateur qui le dit) ? Un exploit de plus pour l’État qui démontrait alors sa capacité de mobilisation contre tout ennemi venu de l’extérieur : le Voisin du Nord, les cyclones ou les virus.
Cette même volonté de démontrer la grandeur d’un petit pays a conduit Horacio à tricher pour être à la hauteur des rêves de ses concitoyens. Quant à Daniel, qui comme tout soldat paie la guerre de sa vie (pendant ou après les combats), il rêvait d’amour fou avec sa belle africaine et ne regrette rien…
Horacio, incarné par Yotuel Omar Manzanarez Romero, Yotuel pour les fans du groupe Orishas, partage l’écran avec Armando Miguel Gómez, vu récemment dans Chala. Deux excellents acteurs arrivés au cinéma par des voies de traverse, « indépendants » en quelque sorte, tout comme El Acompañante qui a mis 6 ans à voir le jour, sans la participation de l’ICAIC mais grâce à la mobilisation de producteurs de 6 pays !
Par son indépendance de ton, El Acompañante fait date dans l’histoire du cinéma cubain. Il a déjà reçu plusieurs prix dans les festivals internationaux, notamment au 28e festival Cinélatino de Toulouse et au Havana Film Festival New York. On attend avec impatience sa sortie en France !
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El Acompañante (2015) réalisation et scénario Pavel Giroud
Avec Yotuel Romero, Armando Miguel Gómez, Camila Arteche, Yailene Sierra – toutes deux passées par le Teatro El Publico de Carlos Diaz, Jorge Molina, Jazz Vilá – idée géniale que d’avoir confié au comique le rôle de l’affreux vilain !
Production Cuba, France, Panama, Vénézuela, Colombie, Espagne.
Budget 1 – 3 M $ – très petit budget pour un film « d’époque » : le combat de boxe a dû être filmé en 6h seulement !
Producteurs Lia Rodroguez (Areté Audiovisual S.A), Antonio Lopez (Areté Audiovisual S.A), Edgard Tenenbaum (Tu Vas Voir), Gustavo Pazmin Perea (Igolai Producciones), Delfina Catalá & Alexandra Solórzano (Nativa Pro Cinematográfica)Sources : Interview: Pavel Giroud Talks The Companion dans flickeringmyths.com et Havana Film Festival New York. Voir aussi le site de Pavel Giroud.
Photo à la Une : El Acompañante (2015) film cubain de Pavel Giroud. Armando Miguel Gómez et Yotuel Romero. Capture d’écran, droits réservés.
Ce résumé donne envie de voir le film.
Me prévenir quand il sera diffusé en France pour me le procurer en dvd.
il sort ce mercredi 17 août, j’ai vu qu’il passe à Aix, au Mazarin je crois.
Sinon dans une vingtaine de salles en France, dont 3 à Paris.
Si je vois une sortie DVD je te ferai signe !
Bonnes critiques dans Le Monde et Telerama et l’Huma : http://www.humanite.fr/dans-les-annees-1980-cuba-prise-entre-le-marteau-et-lenclume-613882 par contre le journaliste parle de « caricature du régime » et je ne suis pas d’accord du tout. Tu me diras ce que tu en as pensé !