Gibara, ciné Giba, siège du Festival Internacional del Cine Pobre 2016. Photo Céline Gruyer senredipia-cc.com

Festival del Cine Pobre : nouvelles directions

Jorge Perugorría, le plus international des acteurs cubains, assume désormais la présidence du Festival del Cine Pobre de Gibara. Créé par Humberto Solás en 2003 dans l’intention de valoriser les possibilités du numérique pour tourner sans argent (ou presque), le festival semblait éteint mais c’est reparti ! Du 20 au 24 avril la petite cité portuaire, isolée sur la côte nord de l’Oriente, va revivre l’exaltation des premières éditions.

Pour rallumer la flamme il semblerait que l’ICAIC, le Centro Provincial de Cine de Holguín et la famille Solás soient tombés d’accord sur la personnalité charismatique de Jorge Perugorría, qui de plus connaît très bien le festival pour l’avoir fréquenté assidument.

Témoignages de personnalités du ciné cubain dans ce trailer de Humberto, un documentaire de Carlos Barba Salva.

La proposition a saisi l’acteur au beau milieu du tournage de Vientos de Cuaresma, film de Félix Viscarret dans lequel il incarne le personnage le plus populaire du romancier Leonardo Padura : El Conde¹.

Retours à Gibara

Bien avant cette consécration populaire, il avait connu Humberto Solás sur le tournage de Miel para Oshún (2001). Premier film cubain tourné en numérique avec un tout petit budget, voyageant en autobus de la capitale à Baracoa en passant par… Gibara. Un tendre souvenir pour Solás qui y avait tourné Lucia en 1968.

En pleine période spéciale, manquant de tout mais heureux de revenir sur le lieu de tournage de ce film mythique, le cinéaste eut l’idée de ce festival du cinéma « pauvre » donc inventif et innovant. Mais après quelques éditions, en l’absence de son créateur (décédé en 2008), ce rendez-vous des cinématographies émergentes est devenu biennal puis a périclité.

Jorge Perugorria, 2015. Droits réservés.
Jorge Perugorria, 2015. Droits réservés.

« Notre idée est de reprendre le festival parce qu’il représente une chance pour les jeunes créateurs. C’est aussi une belle expérience pour les gens de Gibara, ils nous reçoivent chez eux comme s’ils étaient les organisateurs. » déclare Perugorria. « À Gibara il s’est produit quelque chose d’intéressant : l’événement a démontré aux habitants que leur village était merveilleux et les gens ont commencé à faire des hostales, des paladares. Le gouvernement s’y est mis aussi, la vie est revenue. »

Avec quels moyens ?

Mais la motivation et les aides gouvernementales ne suffisent pas. Perugorria et sa nouvelle équipe sont donc partis à la recherche de fondations, d’entreprises et de mécènes pour viabiliser le projet. La 12e édition s’en tiendra à 4 jours pour commencer mais le festival redeviendra annuel et les organisateurs ont l’ambition d’en (re)faire le rendez-vous mondial et incontournable du cinéma indépendant.

À ce stade du récit un programme plus précis des réjouissances serait bienvenu ? Voici la dernière version du site du festival : 12FICP. Vous y trouverez le détail des films en compétition et des manifestations parallèles. Il y a du beau monde dans le jury aussi (Natalia Bolivar…) et un prix Sara Gómez réservé aux femmes réalisatrices. La tranquillité des Gibareños sera sérieusement secouée par l’arrivée en masse de cinéastes, musiciens et affichistes (dont l’équipe pas triste de Mamey Wear en charge de la communication visuelle). Allez il faut prendre la route depuis Holguin, direction la côte nord et Gibara. Bon festival !

Affiche du Festival Internacional del Ciné Pobre de Gibara, 2016

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¹ Leonardo Padura a écrit beaucoup d’excellents romans policiers ou historiques dont le héros est le fameux Mario Condé, flic désabusé puis ex-flic, toujours amoureux de son amie d’enfance et flanqué d’un chien répondant au petit nom de Basura. Vientos de Cuaresma (Vents de Carême en français, aux éditions Métailié) est le 4ème. Comme l’écrivain est aussi scénariste, ça devait finir sur pellicule ! Antonio Banderas tourne quant à lui une version espagnole pour la télévision.

Humberto Solás a créé le festival Internacional del Ciné Pobre en 2003 et l’a dirigé jusqu’en 2008, date de sa mort. On a beaucoup dit qu’à ses débuts il était influencé par Visconti, Antonioni, la Nouvelle Vague…  mais il a construit une œuvre bien à lui, parfois en délicatesse avec le régime. Parmi ses films : Lucía (1968), Un hombre de éxito (1986), Miel para Oshún (2001)  Barrio Cuba (2005).

Sources : Jorge Perugorría dirigirá el Festival de Cine Pobre de Gibara OnCuba et Jorge Perugorria busca recursos para el ciné pobre de Paola Cabrera dans OnCuba.

Palmares : Gran premio Humberto du meilleur long métrage de fiction : Tangerine, de Sean Baker (États-Unis).
Mención especial ddu jury de fiction : La Pared de las Palabras, de Fernando Pérez (Cuba).
Premio especial du meilleur court métrage de fiction : La profesora de inglés, de Alán González (Cuba).
Premio Humberto du meilleur long métrage documentaire : El tren de la línea norte, de Marcelo Martín (Cuba).
Mención de honor du jury du long métrage documentaire : Llévate mis amores, de Arturo González Villaseñor (México).
Premio Humberto du meilleur court métrage documentaire : La despedida, de Alejandro Alonso (Cuba).
Premio Sara Gómez pour la meilleure œuvre réalisée par une femme : Una Vez, de Sonia Madrid et María Guerra (España). Etc.

Photo à la Une : l’entrée du Ciné Jiba à Gibara, 2015.

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