Dans les biographies des artistes plasticiens cubains, on lit immanquablement « diplômé de San Alejandro »… et ce, depuis fort longtemps puisque cette institution presque aussi ancienne que l’Universidad de La Habana a vu défiler – pour n’en citer que quelques-uns – José Martí (pour quelques mois), Rita Longa, Víctor Manuel, Fidelio Ponce de León, Raúl Martínez, Servando Cabrera Moreno, Flora Fong, Wifredo Lam¹, ma chère Amelia Peláez et plus récemment un certain Alexis Leyva Machado, plus connu sous le nom de Kcho.
Son premier siège était le Convento de San Agustín de la Habana Vieja et après quelques déménagements, elle s’installa dans le quartier résidentiel de Marianao, calle 100 à l’angle de 31, d’où le nom de l’expo : Cien y 31 SA.
Vers la fin des années 70, l’Académie de Marianao était fréquentée par une pléiade d’artistes en devenir, dont certains, malgré les événements historiques qui les ont séparés, sont restés amis par delà le Détroit de Floride.
Cien & 31, SA réunit ces 22 artistes, diplômés de la légendaire Academia de Bellas Artes San Alejandro il y a 40 ans. L’exposition est donc un événement générationnel mais aussi, au delà de l’anecdote « copains d’avant », l’occasion de faire le point sur une vie de création.
Évidemment ce serait symboliquement plus intéressant que l’événement prenne place à San Alejandro même, mais non. Tout ça se passe à El Bunker, la galerie de Raúl Proenza à Miami. On pourra y voir les œuvres appartenant à leurs auteurs et celles prêtées par les collectionneurs (nombreux dans ce coin béni du marché de l’Art).
Ils ont pour nom Gustavo Acosta, César Beltrán, Maite Díaz González, Maidée González Gavilán, Martha María Pérez Bravo, Magín Pérez Ortiz, Jesús Rivera, Agustín Rolando Rojas Leyva, Raúl Proenza, Eliseo Valdés, Juan Carlos Verdial, José Franco, Orlando S. Silvera, Evelio Toledo, Juan J. Blanco Lozano, Osmani Simanca, Carlos García de la Nuez, Francisco Sánchez (Guanabacoa), Carlos Manuel Fernández, Pepe Forte, Carlos Alberto Rodríguez et Iván Trujillo.
Certains bénéficient de reconnaissance internationale, d’autres pas… mais dans une diversité de styles et d’approches conceptuelles, ils témoignent collectivement de 40 années de création. Presque un répertoire de ce qui pourrait constituer l’identité visuelle d’une génération ?
¹ Relisez Poser nue à La Havane de Wendy Guerra, vous y trouverez une scène, peut-être inventée mais tellement véridique et romanesque, où la jeune Anaïs Nin pose à l’Académie et rencontre un grand jeune homme famélique aux traits africains et chinois…
Source : article Cien & 31, SA de Hortensia Montero dans ArtonCuba
Photo à la Une : Installation sur la vénérable façade de l’Academia San Alejandro, La Havane. Auteur : recherches en cours.