Cuba : coût de la vie et afflux de touristes

Après le sucre, voici l’amertume en une équation simple : Prenez une île isolée par un embargo qui perdure, où l’État peine à nourrir et vêtir 11 millions d’habitants et même à leur fournir des transports en commun pour aller travailler. Ajoutez-y 3 millions de visiteurs qui mangent et boivent (beaucoup), font caca et tirent la chasse d’eau, voyagent d’est en ouest et écument les boutiques… en un mot consomment joyeusement.

Miel de Cuba dans une tienda Caracol : prix en CUC et en CUP. Le salaire moyen est de 20 CUC / 500 CUP.

Manne financière ? Bien sûr, mais seulement pour ceux qui vivent du tourisme. Car il y a un gros problème : c’est que l’approvisionnement en nourriture et ressources (eau, pétrole) est toujours très limité. Sans parler de la bière et du papier toilette, produits de luxe…

Logiquement, les entreprises de tourisme (étatiques ou individuelles) sont prêtes à payer le prix fort pour satisfaire leur clientèle, les prix s’envolent et le pouvoir d’achat du citoyen de base ne fait plus le poids… Pour s’en convaincre faisons un tour dans un magasin qui propose des produits d’importation :

Presque 50 CUP pour 1 litre d’huile, ça fait cher, alors que le salaire moyen des employés de l’État ne dépasse guère les 500 CUP. Allons faire un tour du côté des magasins en CUP, alors : certes les prix sont proportionnés aux revenus de la plupart des habitants, mais le choix et maigre et aléatoire. Point d’huile sur les étagères, ou alors très rarement.

Production nationale dans un magasin de Diez de Octubre : prix en CUP et approvisionnement aléatoire

C’est un constat : le tourisme génère d’importants revenus mais actuellement il entre en compétition directe avec l’approvisionnement de la population en nourriture et en produits de base. Mais alors, que faire ? Bonne question, mais je ne prétends pas y répondre sur ce blog où je me suis promis de ne pas parler de politique.

En tout cas, du côté de la Plaza de la Revolución, les représentations diplomatiques sont autour de la table et le Ministerio de Economía y Planificación (sic) a du pain sur la planche !


À lire : Face à l’afflux touristique, Cuba peine à nourrir sa population sur Atlantico et Six chiffres qui racontent Cuba sur Le Monde.fr.

Photo à la Une : La Havane, ancien magasin Woolworth’s, aujourd’hui magasin en CUP, calle 23 en face de l’ICAIC, 2016. Le faste à la Cubaine…


4 réflexions sur « Cuba : coût de la vie et afflux de touristes »

  1. Non, ne parlons pas de politique. Je rajouterai juste que les recettes du tourisme ne profitent jamais aux Cubains et ne font qu’accroître la pauvreté. C’est vrai, il n’y a désormais plus rien sur les marchés agricoles : tout a été dévalisé, au petit matin, par les tenanciers des paladares ayant poussé comme des champignons, certains fort luxueux (et donc beaucoup ferment aussitôt après avoir ouvert…), moyennant bakchich of course… Paladares dont un repas coûte un mois de salaire pour un Cubain normal (cherchez l’erreur…). Je ne connaissais pas cette pseudo huile de soja, elle est la bienvenue (si pas trop dégueu et coupée à l’eau, etc. alors que le régime balance sa propagande d’une île « bio », à mourir de rire !), l’huile d’arachide produite à Cuba coûte, elle, 2.40 CUC soit plus cher que dans nos jolis Monoprix. L’embargo a bon dos ! Et les magasins en moneda national : à pleurer, y’a qu’à essayer d’y faire des photos, pour voir… ce que j’ai tenté au Woolworth de 23…. je voulais prendre une culotte en nylon rose toute seule dans une vitrine pleine de crottes de mouche, sigh…
    Mais les touristes du monde entier continuent à déferler sur l’île et à admirer cette pauvreté si tendance, si pittoresque… Ségolène l’a bien dit : s’il y a autant de touristes, c’est que tout va bien pour les droits de l’homme ! Yoani Sanchez a raison : le parc d’attraction de la dictature a encore de beaux jours devant lui, les voyageurs peuvent être rassurés. Mais bon, on a dit : pas de politique. La politique, l’enrichissement personnel, voici deux mots tabous du régime cubain. Hasta la victoria, siempre !

  2. Jajaja selon la formule consacrée « les commentaires n’engagent que leurs auteurs ». Je propose un débat Ségolène-Yoani en direct du Woolwotrh’s (où j’ai aussi photographié une étagère présentant 2 paires de chaussures d’homme et 1 pile de serpillères, anecdote véridique) dont le thème serait « Touriste et de gauche : le paradoxe », et j’irai bien sûr les écouter car je suis la première concernée…
    Ou alors à la place de Ségolène, je propose Monique Pinçon ?

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