« Si quelqu’un, venu du Nord, s’attend à trouver ici des chaînes, à voir le sang couler; si, muni de lettres pour les planteurs les plus riches, il se mêle à leur existence, écoute leurs anecdotes à table en déjeunant et en dînant avec des dames, il n’entendra parler d’aucune cruauté, d’aucune violence; il sera peut-être assez naïf pour croire qu’il a vu ce qui s’appelle l’esclavage (…) »
Grâce au Projet Gutenberg nous pouvons lire gratuitement et en français un bel extrait du Nouveau Journal des Voyages, publié en 1860 par M. Edouard Charton et illustré par « nos plus célèbres artistes ». Promenade sur le Paseo (déjà !) et observation indifférente des coolies chinois à La Havane…
Mais bientôt le narrateur – anonyme – quitte la capitale et s’en va visiter des plantations. La description qu’il en fait, assez naïvement, prend à la gorge. Mais il semble qu’il soit le siège d’une légère prise de conscience, après sa visite dans les quartiers réservés aux esclaves. Les grandes familles de la province de Matanzas vivent dans la nostalgie des paradisiaques cafetales qui ont presque tous été transformés en ingenios… et dans la répression permanente des esclaves. Une ambiance qui m’évoque fortement La Ultima Cena de Tomás Gutiérrez Alea (1976).
Témoignage exceptionnel in extenso ci-dessous :