« Un jour d’automne de 1969, avant le début du cours avancé au studio Cunningham, Merce est venu vers moi pour me dire qu’il avait deux propositions d’enseignement qui pourraient m’intéresser : La première à Caracas avec un groupe de danseurs qui venaient juste de monter leur compagnie, l’autre à La Havane où l’État avait créé une école de danse moderne. »
Un livre qui commence ainsi ne pouvait que me tomber entre les mains !
Élève de Merce Cunningham, danseuse pour Twyla Tharp (Medley, une performance dans Central Park…), amie de Harry Sheppard… Alma Guillermoprieto est alors une jeune danseuse à la double nationalité mexicaine et États-Unienne qui doute beaucoup de son avenir professionnel à New York. Elle accepte un poste d’enseignante à Cuba où elle débarque un premier mai, l’année de la Zafra de los diez millones, dans une Escuela Nacional de Arte flambant neuve. Elle y découvre des élèves passionnés mais très peu formés, une administration politisée jusqu’à la moëlle et… les conditions de vie des cubains !
Le récit qui suit est un excellent témoignage sur les relations entre art et pouvoir, entre liberté individuelle et obéissance aux normes. Il éclaire sur l’émergence d’un art – la danse « savante », qu’elle soit classique, moderne ou contemporaine – qui n’avait jamais fait partie des traditions cubaines, sur le racisme et l’homophobie, sur bien des aspects de la vie urbaine de l’époque.
Enfin ce récit totalement subjectif et très bien écrit fait revivre la beauté et la difficulté d’être jeune et de chercher son chemin…
Ce livre passionnant se trouve sur internet, en anglais ou en espagnol. Personnellement je l’ai lu en anglais et je me suis régalée.
Dancing with Cuba © 2004 Alma Guillermoprieto, First Vintage Books Edition, february 2005 (anglais) & La Habana en un Espejo, Alma Guillermoprieto; Literatura Random House 2005 (español).
Mise à jour 2021 : la traduction française est arrivée ! Vous pouvez donc lire La Révolution, la danse et moi, paru aux éditions Marchaly dans une traduction de Vanessa Capieu.
Photo à la Une : Instituto Superior de Arte, classe de danse contemporaine, La Havane janvier 2015.