3 Fotógrafas Cubanas, au moins.

Elles sont femmes, cubaines et photographes. Je découvre leur travail grâce au récent Catálogo de Fotógrafas Cubanas créé par Aldeide Delgado¹ pour révéler au public les images et trajectoires de ces artistes parfois sous estimées.

Sans remonter aux origines du huitième art, je vous propose le regard de trois d’entre elles :

María Eugenia Haya, dite Marucha

De María Eugenia Haya (1941-1991), on sait qu’elle a largement contribué à fonder la Fototeca de Cuba. Mais avant cela il y a un parcours personnel intimement lié à la Revolución. Elle a fait partie de cette génération qui documentait la vie quotidienne à Cuba, en s’intéressant aux gens ordinaires plutôt qu’aux leaders charismatiques, déjà abondamment portraiturés par les Korda, Meneses et Corrales.

Maria Eugenia Haya, « Maria y el Angel », de la série « Los dulces quince », 1980. Archives de la Fototeca de Cuba, droits réservés.

Parallèlement à sa carrière de photographe, elle a conduit avec son compagnon Mayito d’importantes recherches sur l’histoire de la photographie à Cuba. Un travail qui a mené à la fondation de la Fototeca de Cuba en 1986.

Pour parcourir ses photos qui traduisent si bien le sentiment épique de la vie quotidienne, voyez ce portfolio.

Gilda Pérez

Gilda Pérez, Paisajes de patio. Droits réservés.

Née à Cuba en 1954, Gilda Pérez a quitté son île pour le Venezuela en 1993. Depuis, les allers-retour rythment son travail de photographe, de l’intime (Paisajes de patio) à la vision documentaire (Los pasajeros, 1993).

Dans cette série elle capture l’ambiance de la lancha de Regla : En quelques minutes seulement, ce ferry-boat transporte les passagers de Regla à Habana Vieja et retour. Un trajet quotidien et banal pour les travailleurs, où les corps se rapprochent mais les regards se fuient… Une portée symbolique qui évoque des traversées bien plus tragiques.

Gilda Pérez, La lanchita de Regla (1993). Droits réservés.

Gilda Pérez a participé à de nombreuses expositions internationales et on peut retrouver ses images, notamment, au Musée de l’Elysée en Suisse, au Museo Nacional de Bellas Artes et bien sûr à la Fototeca de Cuba.

Plus de photos en parcourant ce portfolio.

Carmen Rivero

Carmen Rivero, de la série « Contra viento y marea ». Droits réservés.

Et la couleur me direz-vous ? On y vient avec Carmen Rivero, née à La Havane en 1967. Elle a commencé la photo en confectionnant les dossiers d’artistes plasticiens de sa génération. Entre Espagne et Cuba, elle poursuit sa recherche où, comme elle le dit elle-même, « la photographie est un témoignage, pas seulement de la réalité, mais aussi de la fantaisie, de l’imagination, de l’inconscient et des rêves ».

Carmen Rivero, paysage de la série « Contra viento y marea ». Droits réservés.

Elle travaille alternativement en noir & blanc (série Pérdida de lo absoluto, 2016) ou en couleur (série Contra viento y marea) et enseigne actuellement à Granada, en Andalousie. Vous pouvez découvrir d’autres photos dans ce portfolio.

C’est « féminin » ?

Existe-t-il un regard spécifiquement féminin en matière de photographie ? C’est une question à laquelle je ne saurais répondre et ce n’est pas l’exposition Antologia de fotografia cubana (au Museo Nacional de Bellas Artes) qui va vous y aider, car les femmes y sont très peu représentées.

Et demain ? jetez un œil du côté de Post-It 5, où la très jeune Osmara Alberteris expose son regard singulier (et presque académique) sur ses contemporains. À suivre !

Osmara Alberteris, Gemelos I, de la serie El banquete. Fotografía digital impresa sobre lienzo
155 x 102 cm, 2015.

¹ Aldeide Delgado est historienne et curatrice indépendante. Ses centres d’intérêt et de recherche incluent le genre, l’identité raciale, la photographie et l’abstraction dans les arts visuels.

Photo à la Une : Maria Eugenia Haya, de la série Escuelas al campo (1976-1978). Archives de la Fotóteca de Cuba, droits réservés.

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