L’affiche cubaine vise au cœur

Retour de l’engouement pour l’une des expressions les plus populaires de l’art cubain : l’art graphique (sérigraphie, estampe…) dont les œuvres les plus fameuses sont souvent des affiches de cinéma et parfois de propagande. Cet été les voit réapparaître à tous les étages. Expositions, livres et même la reconnaissance de l’UNESCO !

Expositions (parmi d’autres)

À La Havane, le Taller Experimental de Gráfica de La Habana présente Canto y llanto de la gloria, une rétrospective qui embrasse toute la tradition graphique cubaine. Pour cet événement l’atelier a poussé les murs et investi les monuments voisins : le Palacio de Lombillo, la Casa Marqués de Arcos, la Casa de la Poesía et le Museo de Arte Colonial. René Francisco, Pedro de Oraá, Nelson Domínguez, Víctor Manuel… Faites vous plaisir !

Victor Manuel, lithographie en cours. Photo Leysi Rubio pour Cuba Debate, droits réservés.

En plein carnaval, Santiago de Cuba expose Clásicos / Carteles Cubanos del siglo XX. Comme le nom l’indique, il s’agit de revisiter les grands classiques : Canción Protesta, Click, Viet Nam… quand la Revolución revêtait les atours du pop art pour mieux faire passer le message ! C’est à voir dans la très jolie Galeria René Valdés Cedeño, inratable lors d’une balade à Vista Alegre.

Clásicos : Carteles Cubanos del siglo XX

Plus près de nous, le Muvim (Musée de l’Illustration et de la Modernité) de Valencia propose Cartell Cubà 1959 – 1989 : Du changement de régime à la chute du mur de Berlin, la chronique graphique de ces trente années qui ont changé Cuba et le monde. En toute logique, cette exposition fait partie du cycle Poder y propaganda (Pouvoir et propagande) offert par le musée.

Des livres pour l’amour de l’affiche

Soyons honnête, il ne s’agit pas de nouveautés mais l’été est une excellente période pour les commander et les dévorer tranquillement :

El cartel cubano llama dos veces : un titre évidemment cinéphile pour ce livre de Sara Vega Miche qui compile les meilleures affiches de ciné depuis 1915, paru aux éditions espagnoles La Palma associées à la Cinemateca de Cuba et à l’AECID. Parce que ces affiches témoignent et témoigneront d’un savoir faire spécifique dans le contexte de l’Île et que la sérigraphie était, est et sera sans doute éternellement leur signe distinctif.

El cartel cubano llama dos veces, Sara Vega Miche (2016) ediciones Las Palmas

Cuba Gráfica – Histoire de l’Affiche Cubaine de Régis Léger alias Dugudus, paru en 2013 chez l’Échappée, se trouve encore sur Internet. Tout aussi intéressant et… en français ! L’auteur remonte aux sources : le style art nouveau du début des années 1900 et la lente évolution marquée par l’influence États-Unienne, l’explosion des années 60, la traversée aride des 90 et l’arrivée joyeuse des dernières générations.

Des affiches dans la « mémoire du monde »

La Habana, carteles en el lobby del ICAIC

Depuis le 12 juin 2017, près de 3 000 affiches cubaines de cinéma sont inscrites au registre Memory of the world / Memoria del Mundo / Mémoire du Monde de l’UNESCO.

Késaco ? Un programme de cette vénérable institution, destiné à préserver le patrimoine qui se trouve dans les archives ou les bibliothèques et qui représente une petite part de la mémoire collective de l’Humanité (le genre humain, pas le journal).

Eduardo Muñoz Bachs, Alfredo Rostgaard et bien d’autres sont donc honorés (à titre posthume) ainsi que la technique presque artisanale d’impression sérigraphique, qui participe largement de leur charme et de leur originalité.

Mais point de nostalgie à la Bye bye Lenin…  Pour moi il s’agit surtout de porter un regard tout aussi critique d’amoureux sur la production de ces générations d’artistes graphiques : Ils sont passés de la réclame pour les produits de consommation à l’émulation politique et culturelle, tout en conservant une qualité esthétique exceptionnelle et un sens aigu de l’image qui tue. Carton !


Sources : La Gráfica de La Habana celebra sus 55 años dans Cubadebate

Image à la Une : Affiche (fragment) de Paris Volta pour le film Aunque estés lejos de Jan Carlos Tabio (2003).


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