Les sportifs et sportives cubain-es rentrent de Rio avec 11 médailles, plaçant Cuba au 18e rang des nations. Pas mal pour un pays de 11 millions d’habitants – même si on est loin des 31 médailles de 1992.
Boxe, lutte et judo tiennent le haut du pavé. La lucha étant le quotidien de tous les Cubains, non seulement dans les gymnases mais aussi dans les transports et sur les marchés, ce n’est pas tellement étonnant. N’entend-on pas à tous les coins de rue Hay que luchar ? Comparons avec les disciplines reines de France – équitation, escrime et voile – et qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’y a pas des sports de riches et des sports de pauvres…
Bon, soyons fair-play : les français-es ont eu beaucoup de succès en boxe. Tiens, tiens, leur entraîneur est cubain. Luis Mariano Gonzalez Cosme reçoit régulièrement les Bleu-es à La Havane, pour leur faire partager les conditions d’entraînement et les gnons de leurs collègues cubain-es. Histoire de se forger le caractère loin des installations hightech de l’INSEP ? Voyez cette vidéo pour vous en convaincre :
Si j’en crois les fiches des joueurs, les sports de combat sont aussi des sports de blacks et de provinciaux : ils et elles sont presque tous afro-descendants et originaires de Santiago, Guantánamo ou Pinar del Rio. Il n’y a pas de classes sociales à Cuba, mais quelque chose qui y ressemble fort…
Quant à l’athlétisme cubain (vous vous souvenez de Sotomayor le bien nommé et de Juantorena ?) il est en phase éclipse. Une mention spéciale pour Denia Caballero, quand même, seule cubaine à se maintenir en athlétisme – on imagine sa solitude pendant la finale – avec une médaille pour son lancer de disque.
Maintenant, il se trouve des commentateurs pour remarquer que Cuba a remporté moins de médailles que les Cubains. Hein ? Quoi ? Et bien oui, car sur les 15 Cubains exilés qui ont concouru pour leurs pays d’adoption, 7 ont obtenu des médailles. La fuite des talents est aussi prégnante pour ces sports pratiqués en amateur que pour le baseball, nettement plus lucratif.
On attendait beaucoup du beach volley, de Pedro Pablo Pichardo au triple saut, de Yarisley Silva à la perche et du talentueux Manrique Larduet en gymnastique. Ce dernier, blessé, a concouru quand même… ce qui n’est pas la meilleure façon de s’assurer un avenir de gymnaste.
Je vous fais grâce ici des magnifiques uniformes dessinés par notre Louboutin national (la diplomatie culturelle va se loger jusque dans les détails de semelles) et des crises de nerfs des entraîneurs qui n’arrivaient pas à décoller leurs ouailles du macdo du village olympique…
Et je vous donne rendez-vous à Tokyo en 2020. On espère tous que d’ici là, les infrastructures sportives de l’Île permettront aux sportives et sportifs d’exprimer tout leur talent !
Allez, pour finir, un historique des médailles cubaines aux JO depuis 1896 :
Photo à la Une : 59kg Semifinal : Ismael Borrero Molina (Cuba) df. Elmurat Tasmuradov (Uzbekistan), 4-1, Photo Gabor Martin, droits réservés.
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