Yemaya

Yemayá règne sur les mers. Elle est assimilée à la Virgen de Regla, dont la particularité est d’avoir la peau sombre (comme la Sara des Saintes Maries de la Mer). Regla se trouve en face du port de la Havane, accessible d’un trait de lancha ce qui fait une belle traversée et donne l’occasion de visiter un quartier 100% sans touristes, mais baigné des odeurs de la raffinerie voisine. En débarquant à deux pas de la chapelle on est sollicité pour acheter toutes sortes d’offrandes qui n’ont rien de catholique.

On trouve également Yemaya et la Virgen de Regla dans beaucoup de petits autels domestiques, y compris dans des familles dont on ne soupçonnerait pas les pratiques religieuses.
Pour le croyant, Yemaya est dans l’eau salée, symbolisée par les vagues, raison pour laquelle sa danse en épouse le mouvement. Elle est aussi l’essence de la maternité et la protectrice des nouveaux-nés. Elle porte bien sûr le bleu de la mer et le blanc de l’écume.

À ses pieds se trouvent beaucoup de coquillages, des bijoux de fer et d’argent. On lui offre des fleurs bleues, des tamales et des fruits, parfois en les envoyant sur des petits bateaux. Parfois c’est plus direct : si vous voyez une femme marcher d’un bon pas vers l’eau et y jeter d’énormes frutas bombas ne vous étonnez pas et laissez-la tranquille car elle est probablement en train de prier.
Zafra

Ils sont magnifiques ces champs de canne à sucre, d’un vert brillant, ondulant jusqu’à l’horizon. Mais ils ont une longue histoire jalonnée de souffrances et de désillusions. De l’esclavage à la révolution industrielle, de l’arrivée du chemin de fer à la collectivisation, avec le rêve – ou le cauchemar – d’une récolte de 10 millions de tonnes qui a envoyé tous les urbains aux champs… Sans compter les cyclones qui épargnent généralement les personnes (grâce à une super organisation préventive) mais pas les récoltes.
De plus le régime colonial ayant laissé un héritage de monoculture… de la zafra dépend le volume d’azucar disponible pour la consommation et l’exportation, donc la vie de régions entières. On comprend l’importance de l’événement, vécu avec intensité sur le terrain et commenté avec fougue dans la presse.
Les récoltes ont connu des variations au fil des époques et un retour à la case départ dramatique, au moment de la terrible période spéciale des années 90 qui a paralysé l’activité et vu les champs retourner à la friche et les hommes reprendre la machette et le cheval de trait. En 2010 une quantité impressionnante de machines agricoles rouillaient encore au bord de la route, en 2012 la récolte est « remontée » à 1,4 million de tonnes – le même chiffre qu’il y a un siècle – et le mouvement continue lentement.

Regardez bien la photo ci-dessus : le ministère du sucre n’existe plus, il a été remplacé par le groupe industriel Azcuba (même adresse, sur la Rampa à côté de La Zorra y el Cuervo), chargé de gérer efficacement les replantations et la remontée de la production. En route vers un avenir moins amer peut-être.
Pour comprendre le processus de fabrication de la canne à votre tasse de café, regardez ce reportage d’Arte !
Zunzuncito
2 grammes, 5,5 centimètres, d’un bleu-vert métallique surnaturel et ses ailes battant l’air à toute vitesse pour le maintenir en suspension, au dessus de la fleur dont il extrait le nectar : C’est le zunzuncito, le plus petit colibri du monde. On ne le trouve qu’à Cuba mais vous allez devoir me croire sur parole. Car si je l’ai bien vu, dans le petit jardin botanique des sœurs Miranda à Viñales, de même que j’ai vu le tocororo près du rio San Juan dans la province d’Artemisa et plus tard dans l’Escambray, pour le photographier c’est une autre paire de manches… Peut-être la prochaine fois ?
W, X aller à / retour à A
Ah ah !!! moi non plus je n’ai jamais réussi à photographier le Zunzuncito… !!
J’arrive au bout de ce réjouissant dictionnaire, j’y ai ça et là ajouté mon grain de sel, toutes mes excuses ! Mais cette façon de voir les choses est si stimulante que je n’ai pas pu m’en empêcher ! Merci !
Merci à vous !