Touristes américains à Cuba : peut mieux faire…

Les américains sont moins séduits par les voyages à Cuba qu’ils ne l’étaient en 2016, c’est ce qu’une étude¹ révèle aujourd’hui. Seulement 2% des personnes interrogées déclarent préparer un voyage sur l’Île dans les prochains mois, contredisant ainsi les projets de développement des agences et compagnies d’aviation.

Il y a un an tout juste, Cuba s’ouvrait aux voyageurs États-Uniens². Buzz énorme, porté par les images des présidents assistant à un match de beisbol, ou les tweets des beautiful people, nouveaux rois de La Havane. Toutes les compagnies d’aviation voulaient leur part du gâteau… mais après quelques mois d’effervescence elles constatent que la demande est inférieure à ce qu’elles projetaient et font marche arrière³. Au grand désarroi des Cubains…

En attendant le touriste à l’hôtel Casa Granda de Santiago de Cuba

Les raisons invoquées par les américains moyens, ceux dont la presse ne suit pas les moindres mouvements ? Vous allez rire – ou pas : la pénurie de nourriture, les difficultés d’accès à Internet, le manque de confort des hôtels et les coupures d’eau. Les touristes ont même remarqué les difficultés de transport. Sans blague !

OMG, no water ?

Ça en dit long sur l’absence d’informations politiques et sociales circulant entre les deux pays. Comme si on pouvait s’extasier sur les Chevrolet vintage, sans remarquer que cela fait 70 ans qu’elles roulent sur les mêmes jantes. Et approuver l’embargo (ou ignorer son existence, ce qui revient au même) tout en regrettant la vétusté des infrastructures hôtelières…

Soyons juste : certains des sondés évoquent des « dilemmes moraux » à dépenser sans compter leurs bons dollars dans ce pays si pauvre, ou à photographier ces façades si photogéniques alors que les immeubles s’écroulent. Personnellement je me reconnais tout à fait dans ce profil et me garderai bien de juger…

Playa Jibacoa, petit paradis touristique

Autre petit problème invoqué : les États-Uniens doivent formuler un projet de voyage pour avoir le droit de fouler la Grande Île des Caraïbes : activités religieuses, humanitaires, culturelles ou journalistiques… Hors la plupart des touristes (de tous pays) souhaitent juste « s’asseoir sur la plage et siroter des mojitos »…

En résumé, la réalité ne colle pas au catalogue. Mais le désir est là. Car pour nuancer les résultats de l’enquête il faut citer Kayak, un site qui permet de trouver en ligne les vacances de ses rêves : la plateforme signale que les recherches portant sur Cuba grimpent en flèche (173 % d’augmentation en un an), cependant elles mènent rarement à des réservations effectives. Il semble que ce que les internautes trouvent en ligne ne corresponde pas à l’image qu’ils se font de Cuba. Notamment parce que les rares hôtels qui peuvent satisfaire leurs exigences de confort et d’hygiène sont très chers, beaucoup plus chers que dans d’autres îles voisines…

Alors beaucoup se rabattent sur les croisières, où ils auront plus de chance de croiser le sosie d’Ava Gardner jouant à la roulette avec un rejeton de Meyer Lansky…

Cuba vu par la Pan American, affiche années 50, droits réservés

Voir les articles de Kari Paul This is why American tourists don’t want to travel to Cuba et Is it unethical for Americans to visit Cuba ? sur le site MarketWatch.

¹ Étude menée par l’assureur Allianz.

²On parle ici du retour du tourisme de groupe, voire de masse. Car auparavant, malgré l’interdiction officielle, les citoyens des USA vraiment intéressés avaient recours à des moyens plus ou moins détournés pour visiter Cuba en solo.

³ Il s’agit majoritairement de compagnies d’aviation low cost ou basées en Floride : Frontier, Spirit Airlines, Silver Airways…


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