ICAIC : 60 ans de cinéma cubain

1959 : la fondation de l’nstituto Cubano del Arte y Industria Cinematográficos, plus connu sous le nom de ICAIC, est l’un des premiers gestes du nouveau gouvernement de Cuba.

Le cinéma existait avant sur l’île, bien sûr, mais souffrait d’une image exotique et de l’influence des deux grands voisins : Mexique et États-Unis. Avec la Revolución, il devenait un instrument d’éducation du peuple et d’affirmation d’une identité nationale.

Soixante ans après, malgré des moyens limités, l’ICAIC est partout ou presque, puisque cette entreprise d’état intervient dans la production, le tournage, la distribution et l’archivage des films cubains… sans oublier la cinémathèque, deux ou trois festivals et la production d’affiches. Un flash back s’impose.

La Havane, ICAIC et Ciné Chaplin.

¡ Feliz Cumpleaños 60 !

L’ICAIC est né le 24 mars 1959, « 83 jours après le début de la Revolución » selon l’histoire officielle, pas avare en formules choc. Pendant plus de 50 ans, l’Institut s’est imposé comme le moteur incontournable de la création cinématographique. Avec ses heures de gloire et ses moments très sombres, marqués par la censure et l’exclusion de certains cinéastes.


Un petit tour d’horizon de la production cubaine ? Jetez un œil à ces articles, qui contiennent tous des extraits de films : P.M., Nicolás Guillén Landrián et Sara Gómez qui nous rappellent les recherches formelles des premières années, vite freinées par les interdictions… Tenemos sabor et El tren de la linea norte au rayon documentaires, Chala et El Acompañante qui témoignent de libertés nouvelles avec ou sans ICAIC, Santa y Andres pour l’histoire singulière de ce film non diffusé sur l’Île et enfin Vampiros en La Habana et Lavando Calzoncillos, deux époques du film d’animation made in Cuba.


P.M., Orlando Jiménez Leal et Saba Cabrera Infante, Cuba, 1961.
El Tren de la Linea Norte, Marcelo Martin, 2013.
El Acompañante, avec Armando MIguel et Yotuel Romero, film de Pavel Giroud, 2015.
Lavando Calzoncillos, Victor Alfonso Cedeño, 2012.

L’ICAIC en quelques dates

  • 1959 : création de l’ICAIC, dirigé par Alfredo Guevara (rien à voir avec Ernesto).
  • 1961 : P.M. de Orlando Jiménez Leal et Saba Cabrera Infante. Le film est interdit et le chef d’État prononce son fameux discours Paroles aux Intellectuels, justifiant la censure.
  • 1967 : Por Primera Vez, documentaire sur le Cine-móvil qui amène le cinéma dans les campagnes les plus isolées.
  • 1968 : Sortie de deux chefs-d’œuvre : Memorias del subdesarrollo de Tomás Gutiérrez Alea et Lucía de Humberto Solás.
  • 1969 : le cinéaste Julio García Espinosa publie Por un cine imperfecto.
  • 1974 : De Cierta Manera, film féministe de Sara Gómez, s’en prend au machisme insulaire.
  • 1979 : création du Festival Internacional del Nuevo Cine Latinoamericano.
  • 1982 : Cecilia, d’Humberto Solás, engloutit tout le budget de production annuel. Julio García Espinosa prend la direction de l’ICAIC.
  • 1985 : Vampiros en la Habana de Juan Padrón.
  • 1991 : Alicia en el Pueblo de Maravillas de Daniel Díaz Torres est censuré. La profession se mobilise pour une plus grande autonomie de l’ICAIC, au nom de la liberté d’expression.
  • 1993 : Fresa y Chocolate de Tomás Gutiérrez Alea, premier film cubain à évoquer librement l’homosexualité.
  • 2000 : création de la Muestra Joven pour promouvoir les nouvelles générations de cinéastes.
  • 2003 : Sortie du magnifique Suite Habana de Fernando Pérez. Création du Festival del Ciné Pobre à Gibara.
  • 2012 : l’INA commence à restaurer le Noticiero ICAIC, source documentaire exceptionnelle pour les années 60 à 70 sur l’Île. À visionner ici.
  • 2016 : Santa y Andres, de Carlos Lechuga, est retiré de la compétition du Festival de La Havane, qui lui avait pourtant accordé le prix du meilleur scénario l’année précédente.
  • 2019 : Decreto-Ley “Del Creador Audiovisual y Cinematográfico Independiente » qui reconnaît la production cinématographique indépendante, hors maison mère.
  • À suivre…

Notez qu’aujourd’hui, nombreux sont les hommes et femmes de cinéma qui se passent des services de l’ICAIC pour produire ou tourner des films, sans être pour autant opposés à l’institution. C’est l’un des effets positifs de la – relative – ouverture économique : les coproductions internationales sont désormais à leur portée et c’est très bien comme ça.

El ICAIC presenta…

Le hall de l’ICAIC et son célèbre mur d’affiches de cinéma.

Le programme des festivités du 60e anniversaire s’annonce copieux. À commencer par la projection de Insumisas, dernier long métrage de Fernando Pérez dans plusieurs salles de La Havane. Les mêmes cinémas accueilleront pendant toute l’année une large rétrospective de films cubains.

On va même inaugurer, dans les locaux de la cinémathèque, une librería Gerard Philipe. Oui, l’acteur de Fanfan la Tulipe, du Diable au Corps et des Liaisons Dangereuses est super populaire à Cuba. Raison de plus pour aller traîner du côté du carrefour 23 y 12, et se laisser tenter par une projection dans l’une de ses nombreuses salles obscures !

Sources : El ICAIC presenta…, un article en français de Magali Kabous trouvé sur le site openedition.org, Celebra el ICAIC 60 años al servicio de la cultura cubana sur le site uneac.org et Cubaciné, el portal del ICAIC.

Image à la Une : capture d’écran de Memorias del Subdesarollo, réalisé par Tomás Gutiérrez Alea avec Eslinda Nuñez et Sergio Corrieri, produit par l’ICAIC en 1968.

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