Havana Bikes : à vélo dans La Havane

La parole est aux cyclistes de La Havane qui ont un rapport vital avec leur vélo, devenu depuis 1990 non seulement leur moyen de transport mais aussi leur gagne pain. Avec beaucoup de patience et de talent les mécaniciens les transforment même en solex, taxi, kiosque ambulant de pâtisserie… Séquences du pregonero à bicyclette qui utilise un sifflet pour prévenir de son arrivée, des cyclistes qui traversent le vieux Puente de Hierro sous la pluie et des ateliers sur le pas de porte : La Havane !

Sans misérabilisme mais avec un sens de l’observation remarquable, des couleurs saturées et un montage atmosphérique : pas étonnant que cette production de Kauri Multimédia soit couverte de prix internationaux !

Je vous ai fait une modeste traduction de la voix off ci-dessous, bien que les images aient du sens en elles-mêmes !

« La culture du vélo a commencé ici plus ou moins en 1990, après la chute du camp socialiste. Il n’y avait plus de transports, rien, juste les bicyclettes.

C’était ça pendant des années et des années mais petit à petit ça s’est perdu, il n’y avait plus de pièces détachées, de chambres à air, plus rien… mais beaucoup de gens utilisaient la bicyclette, et sur des longues distances, beaucoup beaucoup de gens, tous les jours, faisaient des kilomètres et des kilomètres à bicyclette. Par exemple j’ai ma bicyclette à moi, c’est pour ainsi dire mon moyen de transport officiel. Pour aller ici ou là, pas seulement pour le travail, où que j’aille je prends la bicyclette.

On utilise pour plein de choses, avec la bicyclette on a fait des taxis, les bicitaxis, des espèces de petites camionnettes pour transporter les fruits, vendre les fleurs… tous types de transports. Il y a beaucoup de vieux vélos ici, des années 50. Le mien a vingt ans. On les garde par obligation, pas parce qu’ils sont spécialement bons ou quoi, parce que la majorité sont des années 50. Enfin pas toutes les pièces : le cadre peut être des années 50 mais les pneus ont peut-être vingt ans, le guidon cinq, les jantes trois… on trouve des solutions…

Quand une pièce casse, tu dois la remplacer en la trouvant ailleurs. Moi quand je perds une pièce je vais chez le mécanicien ou à un de ces petits ateliers qu’il y a dans le coin, pour acheter la pièce qui vient d’un vieux vélo que les gens vendent, parce qu’il n’y a pas de pièces neuves ici. Il y a encore quelques mécaniciens, et des bons, mais avant ils étaient très nombreux. Le Muet, que vous venez de voir, c’est le meilleur pour le centrage des roues de toute La Havane. Et il se contente pas de redresser les jantes, il fait toutes sortes de réparations, c’est le meilleur.

Il n’y a pas d’ateliers d’État, c’est tous des particuliers, donc si vous lui achetez une pièce c’est qu’il a dû l’acheter à quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui avait un vélo mais qui a dû le vendre parce qu’il avait besoin d’argent. Et ici quand vous voyez un atelier de réparation, c’est chez des gens, dans un petit coin de leur maison, parce qu’un vrai atelier, y en a pas.

Le mécanicien résout beaucoup de problèmes, tout le monde ne sait pas forcément réparer un vélo. Moi je répare moi-même, mais je fais ce que je peux, je ne suis pas mécanicien. Les pièces sont difficiles à trouver et s’ils n’étaient pas là, rien ne marcherait.

Pour moi ils sont indispensables. C’est qu’ils ont du talent. Oui, ils sont vraiment indispensables. »

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Kauri Multimedia (Diego Vivanco, photographe/vidéaste et Ian Clark, producteur) est spécialisé dans le storytelling multimédia, les web documentaires et les courts métrages.

Havana Bikes © 2014 Kauri Multimedia
Image et son Diego Vivanco, Montage et production Ian Clark
Musique Volt Heist, Mixage Justin North

Vous pouvez lire les récits (en anglais) de chacun des interlocuteurs du film dans le portfolio de Diego Vivanco Havana Bike [Feature Story].

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